Jacques Macé
Mes histoires, napoléoniennes et autres
ADN nucléaire
L’haplogroupe et une centaine de marqueurs (haplotypes) du chromosome Y de Napoléon 1er, présents chez les descendants actuels de Napoléon Bonaparte et de Jérôme Bonaparte, ont été identifiés.
Travaux publiés in International Journal of Sciences, september 2013 issue, sous le titre : Reconstruction of the Lineage Y Chromosome of Napoleon the First. En ligne également sur : www.ijsciences.com/pub/article/284
Pour information plus abordable, lire : Napoléon (1769 -1821) et Jérôme (1784-1860 ) Bonaparte sont bien frères biologiques
Napoléon et Jérôme Bonaparte sont bien frères biologiques
Rappelons que le chromosome Y se transmet de manière patrilinéaire (de père en fils uniquement) et que son identification (haplogroupe et haplotypes ou marqueurs génétiques) permet de confirmer ou d’infirmer les liens de filiation. Quelques nanogrammes d’ADN nucléaire ont pu, non sans difficulté, être extraits des poils de barbe conservés dans le reliquaire Vivant Denon (conservé au Musée de Châteauroux). Trois marqueurs du chromosome Y, considérés comme sélectifs, y ont été identifiés.
Dans un premier temps, ils ont été comparés et trouvés identiques à ceux de Charles Napoléon (CN, né en 1950), descendant direct de Jérôme Bonaparte. Une centaine de marqueurs de l’haplotype du chromosome Y de Charles Napoléon ont été alors caractérisés.
L’étude a ensuite été étendue aux marqueurs du chromosome Y du comte Alexandre Colonna Walewski (ACW), descendant direct de l’Empereur Napoléon 1er par la liaison de celui-ci avec Maria Walewska (1786 -1817). L’identification a porté sur 93 marqueurs non-palindromiques et 38 marqueurs palindromiques (localisés sur des ‘‘excroissances’’ de la double hélice de l’ADN), dont 133 ont été trouvés identiques à ceux de Charles Napoléon. Les quelques différences constatées s’expliquent par de petites mutations au fil du temps puisque les lignées étudiées comportent respectivement 6 et 5 niveaux généalogiques. On en déduit donc que les marqueurs communs relevés chez CN et ACW étaient aussi ceux de Napoléon 1er et que Napoléon Bonaparte et Jérôme Bonaparte, officiellement fils de l’avocat ajaccien Charles-Marie Bonaparte (1746-1785), étaient également frères biologiques.
Au plan historique, l’intérêt de ce résultat est qu’il permet d’étendre l’étude aux trois autres frères de Napoléon Bonaparte, Joseph (1768-1844), Lucien (1775-1840), et tout particulièrement à Louis Bonaparte (1778-1846) et à la descendance de celui-ci, puisque son fils Louis-Napoléon (1808- 1873) est devenu l’Empereur Napoléon III.
ANNEXE
Haplotypes et haplogroupe
Le mot haplotype est une contraction de l’expression haploid genotype, en français génotype haploïde. Un haplotype est constitué d’un ensemble de gènes (ou allèles) situés côte à côte sur un chromosome et habituellement transmis ensemble à la génération suivante. Il se peut cependant que le processus de recombinaison des chromosomes au cours de la méiose (division des cellules lors de la reproduction) modifie le groupe de gènes qui se retrouvent alors répartis sur deux chromosomes différents. Mais la probabilité de ce crossing-over est faible.
Les applications les plus connues de la découverte des haplotypes sont l’identification des groupes sanguins et du facteur Rhésus. En 1985, Gérard Lucotte a publié les haplotypes du chromosome Y.
L’espèce humaine étant apparue il y a environ 150 000 ans en Afrique, les populations actuelles proviennent de variantes de cette population ancestrale. Au fur et à mesure que les humains se sont répandus dans le monde, la fréquence des haplotypes a varié d’une région à l’autre par le jeu des hasards, de la sélection naturelle et des mécanismes génétiques. Ainsi, la fréquence d’un haplotype varie d’une population à une autre car des populations très éloignées l’une de l’autre avaient peu de chance d’échanger leur ADN par accouplement. Des mutations ont donné naissance à de nouveaux haplotypes qui, souvent, n’ont pas eu le temps de se propager au-delà de la région géographique où ils sont apparus.
Les haplotypes du chromosome Y, constituant des haplogroupes, sont particulièrement intéressants à étudier car ils permettent de suivre la lignée patrilinéaire des individus. La classification des haplogroupes humains basée sur des marqueurs génétiques est l’un des domaines de la génétique en constante évolution.
L’haplogroupe de base est déterminé à partir d’un marqueur appelé SNP (Single Nucleotide Polymorphism), assez facile à déterminer. Les haplotypes sont caractérisés par d’autres marqueurs appelés STR (Short Tandem Notice), ou microsatellites, pouvant prendre de multiples valeurs. Le programme de Whit Athey (Whit Athey Predictor) permet par la combinaison d’un nombre de STR de plus en plus élevé de passer des haplotypes à un haplogroupe de mieux en mieux caractérisé et de définir ainsi avec une précision grandissante une lignée masculine.
Cette méthode constitue donc un puissant outil permettant d’infirmer de manière catégorique ou de confirmer une lignée biologique résultant de simples documents d’état-civil.
Nota : les activités commerciales se sont déjà emparées de ces techniques et, par exemple, la société suisse IGENEA commercialise l’analyse d’origine génétique pour 199 € (Basic) et 449 € (Premium), indiquant le peuple de base et la région supposée d’origine d’un individu. Il est ensuite possible de pousser plus loin l’analyse, dans le respect des volontés des individus concernés et des diverses législations.
© Jacques Macé