Jacques Macé
Mes histoires, napoléoniennes et autres
Le tragique destin des trois sœurs Auguié
Le 6 octobre 1789 au petit matin, la foule venue de Paris envahit le château de Versailles, bousculant les Gardes Suisses et cherchant à atteindre l’appartement de la reine Marie-Antoinette, détestée par le peuple parisien et accusée de tous les malheurs de la France. Heureusement, la femme de chambre de service a le réflexe de verrouiller toutes les issues, si bien que la Reine a le temps de s’enfuir par un escalier dérobé vers l’appartement du Roi tandis que les insurgés défoncent les portes. Cette femme de chambre se nomme Adélaïde Auguié et elle est la sœur d’une personne plus connue, Madame Campan, trésorière de la Reine.
Jeanne Campan et Adelaïde Auguié sont les filles de Edme-Jacques Genêt, Premier commis des Affaires étrangères sous les règnes de Louis XV et Louis XVI. A cette époque, le corps diplomatique était divisé entre les ambassadeurs, tous issus de la noblesse, et les employés du ministère constituant une importante caste de la bourgeoisie, se transmettant les postes de père en fils. Le premier Commis avait la plus importante fonction administrative du ministère. Genêt fait admettre sa fille aînée Jeanne-Henriette lectrice de mesdames les filles du roi Louis XV et lorsque l’archiduchesse Marie-Antoinette d’Autriche, âgée de 16 ans, arrive en 1770 à la Cour de France, Jeanne devient femme de chambre de la Dauphine. Elle est trois ans plus âgée que Marie-Antoinette et celle-ci, assez isolée, fait vite une grande confiance à Jeanne Genêt, qui épouse Henri Campan, fils d’un bibliothécaire de la cour, et qui devient ainsi Madame Campan, nom sous lequel elle va entrer dans l’histoire. Quand Marie-Antoinette devient Reine en 1774, Madame Campan est nommée première femme de chambre et trésorière de la Reine. Elle sera sa confidente et sou soutien dans tous les drames qui marqueront le règne de la souveraine, notamment l’Affaire du Collier de la Reine.
La famille Genêt était composée de quatre filles et un fils. Jeanne Campan fait admettre sa sœur Adélaïde dans le personnel attaché à la Maison de la Reine et Marie-Antoinette éprouve également un vif attachement pour Adelaïde qui a le même âge qu’elle. Adélaïde épouse Pierre-César Auguié que la reine fait nommer receveur général des finances de Lorraine. Madame Vigée-Lebrun la décrit ainsi dans ses mémoires : «J’ai peu connu de femmes aussi belles et aussi aimables que Mme Auguié. Elle était grande et bien faite ; son visage était d’une fraîcheur remarquable, son teint blanc et rose et ses jolis yeux exprimaient sa douceur et sa bonté ».
Adélaïde Auguié donne le jour à trois filles : en 1780, Antoinette, dont le roi et la reine seront les parrain et marraine, en 1782 Aglaé, que l’on appellera Eglé, et Adèle en 1786. Jeanna Campan, elle, n’aura qu’un fils et sera délaissée par son mari : « Si M. Campan n’eut été volage, dissipateur, et entièrement opposée au lien conjugal, j’aurais été heureuse avec lui . . . Je n’ai jamais connu le charme du lien conjugal mais ma position à la Cour devenait de jour en jour plus agréable ».
Bien sûr, les évènements de 1789 vont jeter le trouble dans cette vie agréable. Les deux sœurs suivent le couple royal aux Tuileries, retardent aussi longtemps qu’elles le peuvent la découverte de la fuite à Varennes et assistent la reine jusqu’à son arrestation le 10 août 1792. Considérées avec suspicion, elles se retirent alors dans une maison discrète en vallée de Chevreuse. Mais, lors du procès de la Reine en octobre 93, le nom de Mme Auguié apparaît dans le dossier : elle est accusée d’avoir fait passer un peu d’argent à la reine à la prison du Temple et d’avoir détruit des documents compromettants. Pour échapper aux hommes venus l’arrêter, elle se suicide en se jetant par une fenêtre du sixième étage d’un immeuble de Paris où elle est revenue se réfugier. Le lendemain Robespierre était renversé. Antoinette, Eglé et Adèle, les trois sœurs orphelines âgées de 14, 12 et 8 ans seront recueillies et élevées par leur tante Campan.
Après la Terreur, Madame Campan crée à Saint-Germain-en-Laye une maison d’éducation pour les jeunes filles de la bonne société, sur le modèle de l’ancien Saint-Cyr de Madame de Maintenon. Bien sûr, elle y place ses deux plus jeunes nièces. L’établissement devient célèbre tant dans la nouvelle bourgeoisie issue de la Révolution que dans la noblesse revenue d’immigration. C’est ainsi que Mme de Beauharnais, veuve mais bien proche des Directeurs et notamment de Barras, y met en pension sa fille Hortense, qui a l’âge d’Eglé. Les deux jeunes filles vont devenir très amies. Ainsi, après avoir été si près des Bourbons, les sœurs Auguié vont fréquenter des proches du nouveau clan qui s’apprête à régner sur la France, passant de la Reine à celle qui va devenir Impératrice.
Antoinette Gamot
L’ainée des trois sœurs est certainement la moins connue, mais sa vie ne manque pas d’intérêt. A Versailles, elle était la compagne de jeux de Madame Royale, la future duchesse d’Angoulême. Après le décès de sa mère, elle prend soin de son père qui, sous le Directoire, achète le château de Grignon, près de Versailles, siège aujourd’hui de l’Ecole Nationale d’Agronomie. Elle épouse en 1798 un homme quatorze ans plus âgé qu’elle, qui a pour nom Charles Guillaume Gamot, ancien colon à Saint-Domingue. Fils d’un capitaine de la marine marchande originaire du Havre, il avait fondé une maison de commerce à Sainte-Domingue mais en avait été chassé par la révolte des Noirs. De retour à Paris, il rencontre Pierre-César Auguié qui avait lui-même des intérêts aux Antilles et il épouse sa fille aînée. Charles Gamot fait de l’import-export mais, en raison de la chute du commerce mondial après la rupture de la Paix d’Amiens avec l’Angleterre et la mise en place du Blocus continental, il préfère entrer dans l’administration impériale. Il sera directeur des Droits réunis, puis préfet de la Lozère et ensuite de l’Yonne. Les Gamot ont trois enfants et vivent à Paris et dans le château qu’ils ont acquis en 1804 à Draveil, en bord de Seine à 20 km de Paris. Ils y reçoivent les deux sœurs d’Antoinette, ainsi que Madame Campan et que leur amie Hortense, qui va devenir Reine de Hollande.
Le mariage d’Eglé
A Malmaison, Eglé et Adèle Auguié font partie de l’essaim de jeunes filles qui entourent Hortense de Beauharnais et que Joséphine va entreprendre de marier avec des proches de son mari. Ainsi, Emilie de Beauharnais va s’unir à Lavalette et Stéphanie de Beauharnais au grand duc de Bade. Hortense, qui aurait préféré Duroc, doit épouser Louis Bonaparte. Eglé Auguié est fiancée à Michel Ney et leur mariage est célébré le 5 août 1802 au château de Grignon. Grande, altière, la future duchesse d’Elchingen et princesse de la Moskowa ne se laissait pas impressionner, notamment par l’Empereur qui n’osera jamais lui faire les réflexions dont il était coutumier avec les dames.
Quant à la jeune Adèle, elle devient la plus proche amie, la confidente d’Hortense qui devient en 1806 reine de Hollande et elle l’accompagne à la cour de La Haye, où elle épouse Armand Louis de Broc, colonel aide de camp du Roi Louis, que celui-ci nomme général et grand maréchal de son palais. Adèle et Hortense vont traverser ensemble bien des épreuves. C’est d’abord le 5 mai 1807 le décès du fils aîné d’Hortense, ce petit Napoléon que l’Empereur manifestait l’intention d’adopter pour en faire son héritier. Pour retrouver la santé et distraire son esprit, Hortense se rend à Bagnères-de-Bigorre, puis à Cauterets, accompagnée d’Adèle, tandis que Louis part se soigner à Ussat, en Ariège. Les deux jeunes femmes, accompagnées de quelques chevaliers servants, retrouvent la joie de vivre en excursionnant à Gavarni, à Biarritz et San Sébastian, « escaladant les cimes comme des biches ». Parmi leurs compagnons, deux Hollandais, l’amiral Ver Huel, le vicomte de Bylandt, aide de camp, un Français le comte Elie Decazes, futur ministre de Louis XVIII. Louis et Hortense se retrouvent à Toulouse le 12 août 1807 pour regagner ensemble Paris, puis la Hollande pour Louis alors qu’Hortense préfère rester vivre à Paris.
Huit mois et une semaine après ces retrouvailles de Toulouse, Hortense donne le jour à son troisième fils, un petit Louis-Napoléon, quatrième dans l’ordre de succession au trône et dont personne n’ imagine alors qu’il pourrait un jour devenir empereur à son tour. Hortense prendra bien soin de préciser que son enfant était très faible à sa naissance et qu’il fallut le ranimer, comme un prématuré. Vous n’ignorez pas toutes les rumeurs auxquelles ces trois semaines de décalage ont donné lieu, développées au début de toutes les biographies de Napoléon III. Une personne savait certainement très bien ce qui s’était exactement passé dans les Pyrénées autour du 20 juillet 1807 : Adèle de Broc, mais elle ne fit jamais aucune confidence. Fin 1809 et début 1810, elle soutient Hortense, profondément marquée par le divorce forcé de sa mère Joséphine et qui doit assister aux cérémonies du remariage de l’Empereur avec Marie-Louise. Puis, Adèle, comme toute la cour, assiste à la romance entre Hortense et le jeune colonel Flahaut de la Billarderie, le charmant Flahaut comme on appelle ce fils naturel de Talleyrand, tandis que Napoléon, trouvant son frère trop « hollandais », annexe le royaume de Hollande à l’Empire. Armand de Broc est réintégré dans l’armée impériale avec le grade de colonel avant d’être promu général de brigade et affecté en Italie. Il y décède à Milan le 11 mars 1810 d’une maladie infectieuse. Ce drame rapproche encore plus la jeune veuve de sa protectrice et elles deviennent inséparables.
La situation se complique néanmoins début 1811 quand Hortense découvre qu’elle est enceinte alors qu’elle n’est pas encore divorcée de son mari qui, lui, vit en Autriche. Fin juin, elle annonce donc son intention de se rendre à Aix-les-Bains, cette fois-ci sans Adèle, avant de rendre visite à son frère Eugène à Turin. Les deux amants se retrouvent près de Genève et, vers le 15 septembre 1811 à Saint-Maurice en Valais, Hortense accouche d’un garçon qui sera élevé par sa grand-mère paternelle, Madame de Souza, et qui deviendra sous le Second Empire le célèbre duc de Morny. Il dira : ma mère est reine, mon grand-père est évêque, mon demi-frère est empereur et tout cela est naturel.
A partir de mai 1812, Hortense tremble pour la vie de Flahaut, aide de camp de Napoléon durant la campagne de Russie dont il reviendra général, tandis que la maréchale Ney tremble pour celle de son mari. Adèle, qui a déjà connue l’épreuve du veuvage, doit apporter son soutien à son amie et à sa sœur. Heureusement les deux hommes sont de retour à Paris au mois de janvier 1813 et la vie peut reprendre son cours. Adèle et Eglé, parfois accompagnées d’Hortense ou de Madame Campan, rendent visite à leur sœur Antoinette Gamot qui vit plus modestement dans son petit château de Villiers, à Draveil en Seine-et-Oise.
Le drame de Grésy
Au mois de mai 1813, Hortense et Adèle décident de se rendre en villégiature à Aix-les-Bains, dans cette villa Chevaley si fréquentée par les membres de la famille impériale. Le 10 juin, c’est la fatale excursion aux Gorges du Sierroz, à Grésy sous Aix, cascade célèbre alimentant des moulins. Une planche a été posée en travers d’un petit bras du torrent pour le franchir et mieux voir la cascade. Hortense passe la première d’un pied léger. Adèle la suit, glisse et chute dans leflux furieux. Son corps ne sera retrouvé que vingt minutes plus tard. La douleur de la Reine Hortense fut immense. Elle fit transporter le corps de son amie à son château de Saint-Leu, puis l’inhumation eut lieu dans une chapelle de l’église paroissiale où s’élève toujours le monument qu’elle y fit édifier, portant l’épitaphe :
« Un événement affreux que toute la sagesse humaine ne pouvait prévoir l’a ravie à sa famille en pleurs, à la tendre affection d’une princesse qui avait pu apprécier ses vertus, aux pauvres dont elle prévenait les besoins, à la société dont elle faisait l’ornement ».
Première Restauration et Cent Jours
Au mois d’avril 1814 à Fontainebleau, le maréchal Ney avec Macdonald et Oudinot fait comprendre à Napoléon qu’il n’a plus qu’à se retirer et collabore avec Talleyrand et le Tsar au changement de régime. Il fait partie de l’escorte accueillant le comte d’Artois, puis Louis XVIII à Paris. Il est nommé commandant de la 6e division militaire, celle de Besançon. Hortense, maintenant duchesse de Saint-Leu, ménage ses relations avec le tsar et le nouveau régime, se souvenant que son père a été guillotiné. Mais, au château des Tuileries (on ne dit plus le palais), Eglé Ney subit les avanies des dames revenues d’émigration et la duchesse d’Angoulême ne manque pas de faire remarquer que cette princesse de la Moskowa, (laissez-moi rire !), est la fille d’une ancienne femme de chambre de sa mère la reine Marie-Antoinette. Quant à Antoinette Gamot, la sœur d’Eglé, elle est maintenant à Auxerre dans l’Yonne où son époux Charles Gamot a été nommé préfet.
Dans ce contexte, on apprend à Paris le 7 mars 1815 que Napoléon s’est échappé de l’île d’Elbe et qu’il est déjà à Grenoble. Ney, qui s e trouve dans son château près de Châteaudun, est convoqué à Paris et chargé par Louis XVIII d’aller arrêter le perturbateur avec les troupes de sa division militaire. Il promet de le ramener à Paris dans une cage de fer. « Je ne lui en demande pas tant », murmure le roi.
Ney se rend à Lons-le-Saunier pour prendre le commandement des troupes rassemblées par le général de Bourmont, gouverneur militaire de Besançon, et le général Lecourbe, inspecteur général de la 6e division militaire. Le 13 mars, il tente d’haranguer les troupes mais ressent une sourde hostilité et se rend compte qu’il faudrait peu de chose pour que les soldats fassent comme ceux de Grenoble et de Lyon. Dans la soirée, il reçoit un officier venu de Lyon de la part de Napoléon lui dire que l’Empereur ne lui tient pas rigueur de son comportement de l’année précédente, qu’il l’attend près de lui, comme le Brave des braves.
Dans sa chambre de l’hôtel de la Pomme d’Or à Lons le Saunier, Ney tourne en rond toute la nuit en relisant les proclamations de Napoléon à son débarquement à Golfe-Juan : « On n’écrit plus comme cela. C’st ainsi qu’on parle aux soldats et qu’on les émeut », pense-t-il. Au matin, il informe ses adjoints qu’il a décidé de rejoindre l’Empereur. Bourmont et Lecourbe lui conseillent d’observer une stricte neutralité, lui exposent les risques de guerre civile. Rien n’y fait. Il réunit les troupes et les informe qu’il se rallie à l’Empereur. Sous un tonnerre d’acclamations, les cocardes tricolores sortent des havresacs où elles étaient remisées. Et où Ney va-t-il retrouver Napoléon et se précipiter à ses genoux ? Tout simplement à la préfecture de l’Yonne chez son beau-frère Gamot. Le préfet Gamot est le premier à accueillir Napoléon dans un bâtiment officiel, alors que jusque-là les préfets des départements traversés avaient préféré s’éloigner. C’est dans la voiture du préfet Gamot que Napoléon regagne les Tuileries.
Comme dira élégamment Madame Campan au sujet de son neveu par alliance : « Une position trop au-dessus de lumières politiques du brave Ney a creusé sous ses pas un abime où il est tombé ». Ney se rend bien compte de l’erreur qu’il a commise et des risques qu’il court en cas d’échec de Napoléon. Il se retire à la campagne mais ne peut résister à l’appel de Napoléon pour la campagne de Belgique. Il le rejoint quelques jours avant la Bataille de Waterloo où manifestement il cherchera la mort. Mais elle ne voudra pas de lui.
Après le retour du roi, tout le monde, y compris son épouse et sa belle-sœur, le pressent de partir à l’étranger. Il refuse et se contente de se retirer dans son château des Coudreaux où il est arrêté le 3 août. Il est probable que, s’il avait été traduit devant un conseil de guerre, il aurait été jugé par des maréchaux et des généraux qui, comme lui, avaient eu bien des cas de conscience de ce type dans leur carrière et il s’en serait sorti. Mais, ne comprenant toujours rien à la situation politique, il demande à être jugé par la Chambre des Pairs (où il avait été nommé à la première Restauration).Il va donc servir de bouc émissaire de la répression des complices de l’Usurpateur et condamné à mort le 7 décembre 1815 à deux heures du matin. La sentence est exécutable à l’aube.
Le 7 décembre 1815
Eglé Ney, Antoinette et Charles Gamot, lequel bien sûr a été destitué de son poste de préfet, ont suivi attentivement le déroulement du procès. Accompagnée de sa sœur Antoinette, Eglé est autorisée à faire ses adieux à son mari. Antoinette nous a laissé un récit extrêmement émouvant de cette ultime rencontre, puis on fait entrer ses trois fils aînés (le quatrième étant trop jeune) pour embrasser une dernière fois leur père. Eglé espère encore en une grâce du roi et, sans y croire mais pour couper les effusions, Ney l’encourage à se rendre aux Tuileries. Antoinette va l’accompagner, tandis que Charles Gamot reste observer ce qui se passe au Luxembourg.
Les deux femmes se rendent aux Tuileries mais ne peuvent accéder qu’à une antichambre où elles voient passer des « corbeilles de viande » car le roi est en train de prendre son petit déjeuner. Finalement elles sont introduites chez le duc de Duras qui glisse à l’oreille d’Antoinette : « Il n’est plus temps ; emmenez-la ».
En effet, Ney a été sorti du Luxembourg à 9 heures et fusillé à neuf heures un quart près du square de l’Observatoire, près de l’endroit où se dresse aujourd’hui sa statue, devant l’actuelle Closerie de Lilas. Charles Gamot a assisté à la scène et prend soin du corps qui est transporté à la conciergerie de l’hôpital de Port-Royal. « Depuis ce jour, Gamot a eu sa santé dérangée », écrira Madame Campan. Il mourra en 1820 après avoir écrit un ouvrage justifiant le comportement de Ney à Waterloo, en réponse aux accusations publiées par le général Gourgaud, prises à Sainte-Hélène sous la dictée de Napoléon (qui n’était jamais responsable de ses défaites).
La fin de l’histoire
Après le décès de Charles Gamot, Antoinette se remarie en 1823 avec le général César de Laville, d’origine italienne, ancien aide de camp du roi de Hollande, tandis qu’Eglé s’exile en Suisse, puis en Italie, où elle épouse, religieusement seulement pour ne pas perdre son titre de princesse et ses droits à pension, le général Y de Résigny, ancien officier d’ordonnance de l’Empereur.
Affaiblie par l’épidémie de choléra, Antoinette décède dès 1833 et est inhumée dans la chapelle de St-Leu, près de sa sœur Adèle. Eglé, dernière survivante des trois sœurs, va vivre plus de vingt ans encore. Elle verra le début du Second Empire et sera présente avec ses enfants le 7 décembre 1853 à l’inauguration de la statue du maréchal Ney sur l’emplacement où il a été fusillé. Néanmoins , ce jour-là, un incident intervint qui faillit provoquer le départ de la famille Ney de la tribune officielle. En effet, le maréchal de Saint-Arnaud, ministre de la Guerre, prononça dans son discours les mots de fautes et faiblesses pour qualifier le comportement de Ney en 1814 et 1815, expliquant pourquoi il fallait les comprendre et les lui pardonner. Mais c’en était trop pour les oreilles d’Eglé. Elle allait encore vivre un an avant de rejoindre ses sœurs dans la chapelle de Saint-Leu.
Ainsi les trois sœurs sont-elles réunies pour l’éternité dans l’église de Saint-Leu, en compagnie de Louis Bonaparte, roi de Hollande, alors que leur amie Hortense est inhumée dans l’église de Rueil-Malmaison.
© Jacques Macé