Jacques Macé
Mes histoires, napoléoniennes et autres
L’Ordre impérial des Trois Toisons d’Or, un projet napoléonien avorté
(partie 1/3)
En ce mois d’août 1809, celui de son quarantième anniversaire, l’Empereur ne s’est jamais senti aussi puissant et se voit en Maître du Monde (ou du moins de l’Europe). En décembre dernier, il a mis en déroute les troupes anglaises et rétabli, durablement croit-il, son frère Joseph sur le trône d’Espagne. Trois mois à Paris lui ont suffi pour lancer la Grande Armée à l’assaut de l’Autriche qui, vaincue en 1805, s’était dressée de nouveau contre son pouvoir. Les batailles et victoires se succèdent : Tann, Abensberg, Eckmühl et Ratisbonne du 19 au 23 avril, Essling les 22 et 23 mai, Enzersdorf le 5 juillet et enfin Wagram le 6. L’Empereur, « qui ne s’est jamais mieux porté »[1], s’installe le 13 juillet pour trois mois au château de Schönbrunn.
C’est là que prend naissance un projet grandiose : en hommage aux soldats de la Grande Armée dont le courage et les faits d’armes ont permis l’établissement de l’Empire, créer un ordre de chevalerie reconnaissant uniquement la bravoure militaire, ordre complémentaire de celui de la Légion d’honneur qui, lui, récompense d’éminents mérites militaires ou civils. Depuis la dissolution de l’empire de Charles Quint, l’Autriche et l’Espagne avaient chacune leur propre ordre de la Toison d’Or, héritage de l’antique Toison d’Or créée en 1430 par Jean le Bon, souverain des Pays-Bas et duc de Bourgogne. Bruxelles, Madrid et Vienne étant de nouveau réunies, sous la domination du chef de l’Empire français cette fois, Napoléon décide donc de mettre fin aux Toisons existantes et de créer un ordre unique qui portera le nom d’Ordre impérial des Trois Toisons d’or, déclarant : « Mes aigles ont conquis la Toison d’Or des rois d’Espagne et celle des empereurs d’Allemagne. Je veux créer pour l’Empire français un Ordre impérial des Trois Toisons d’Or. Ce sera mon aigle aux ailes déployées, tenant suspendue dans chacune de ses serres, une des toisons antiques qu’elle a enlevées et elle montrera fièrement en l’air, dans son bec, la Toison que j’institue »[2].
Le 15 août 1809, jour de sa fête et de son anniversaire, Napoléon promulgue au château de Schönbrunn le décret de création du nouvel ordre, comprenant 12 articles. L’effectif de l’ordre sera très restreint et comprendra au maximum :
. Cent Grands Chevaliers (princes de sang, grands dignitaires et commandants en chef, ministres sous certaines conditions)
. Quatre cents Commandeurs (officiers s’étant signalés par leur bravoure : avoir reçu trois blessures, ou effectué une action d’éclat, ou sauvé l’Aigle de son bataillon, constitue un minimum).
. Mille Chevaliers (sous-officiers et soldats dans le même cas).
Les Aigles des régiments s’étant distingués dans les grandes batailles de la Grande Armée seront également décorées de l’emblème de l’Ordre.
Toisons d’or et Légion d’honneur
Il semble bien que cette décision soit le fait personnel de l’Empereur qui, ayant de la suite dans les idées, a vu dans ses nouvelles victoires l’occasion d’imposer celles [les idées] qu’il avait dû écarter ou moduler lors de la création de la Légion d’honneur, sept ans plus tôt. En 1802 en effet, Bonaparte avait voulu créer un véritable ordre de chevalerie, tel qu’il en existait au Moyen-Âge ou sous la Monarchie, et son projet avait rencontré, tant au Tribunat qu’au Corps législatif, de vives oppositions[3]. Les républicains y voyaient la tentative de création d’une nouvelle aristocratie, organisée en cohortes. Les royalistes redoutaient un pas vers l’avènement d’une nouvelle dynastie. Le Premier Consul avait dû rabattre surs ses prétentions et la Légion d’honneur était finalement devenue en 1804 une simple décoration récompensant des mérites éminents, un hochet (selon une formule célèbre) agrémenté d’une pension. Le hochet avait cependant rencontré un vif succès et, en 1809, le nombre des légionnaires s’élevait déjà à 30 000, au lieu des 6 500 prévus initialement dans l’organisation en cohortes[4]. Les militaires, héritiers des principes révolutionnaires, au début réticents car ils auraient préféré que l’on distingue la Vertu plutôt que l’Honneur, furent ensuite les premiers à se montrer friands de la Croix, la notion d’ordre chevaleresque étant oubliée pour laisser place à celle de décoration[5].
Le décret du 15 août 1809 renoue donc avec la notion d’ordre de chevalerie. L’Empereur est le Grand Maître. Il est entouré de cent Grands Chevaliers, princes de sang, dignitaires, maréchaux et commandants en chef. Le titre peut même être transmis héréditairement aux enfants de maréchaux[6].
L’originalité principale de l’ordre réside dans le fait que les nominations de commandeurs et de chevaliers seront en partie effectuées à partir de propositions établies par les chefs de corps et les chefs de bataillon ou d’escadrons, à raison d’un commandeur par régiment, d’un chevalier par bataillon d’infanterie et d’un chevalier par régiment de cavalerie.
Le complément jusqu’aux chiffres strictement limités de 400 commandeurs et 1000 chevaliers sera assuré par des nominations directes de militaires s’étant particulièrement distingués dans différents combats et désignés par les commandants en chef. Les commandeurs recevront une pension de 4000 francs et les chevaliers une pension de 1000 francs, à vie car ils ne pourront quitter leur régiment et devront « mourir sous les drapeaux ».
La première remise solennelle des décorations devra avoir lieu le 15 août 1810.
Une lente mise en oeuvre
L’annonce de la création de cet ordre au relent moyenâgeux suscite surprise, puis méfiance notamment parmi les membres de la Légion d’honneur qui craignent de voir leur ordre dévalué et passer en seconde position. Dès le 24 septembre 1809, le comte Étienne de la Ville-sur-Illion de Lacépède, éminent savant spécialiste de l’histoire des cétacés et grand chancelier de la Légion d’honneur[7], est chargé de remplir provisoirement les fonctions de grand chancelier du nouvel ordre. Le ministère de la Guerre recense les régiments, bataillons et escadrons ayant « participé aux grandes batailles de la Grande Armée, commandée par S.M. l’Empereur et Roi ». Une ambiguïté se fait alors jour : dans le décret, s’agit-il des grandes batailles de la dernière campagne, celle de 1809, ou de toutes les campagnes de la Grande Armée depuis sa création en 1805 ? Les services du ministère dressent donc un état analytique relatif aux huit grandes batailles de la Grande Armée, soit :
. Ulm, du 26 au 28 vendémiaire an 14.
. Austerlitz, le 11 frimaire an 14.
. Iena, le 14 octobre 1806.
. Eylau, le 8 février 1807
. Friedland, le 14 juin 1807.
. Tann, 19 avril, Abensberg, 20 avril, Eckmühl, 22 avril, Ratisbonne, 23 avril 1809.
. Essling, les 22 et 23 mai 1809.
. Enzersdorf et Wagram, les 5 et 6 juillet 1809.
Les services de la Guerre en extraient deux tableaux synthétiques donnant, dans l’une et l’autre hypothèse, une estimation du nombre de commandeurs et chevaliers à nommer au titre des régiments.
Hypothèse 1 : trois batailles de 1809
|
Régiments |
Commandeurs |
Bataill. ou Escad. |
Chevaliers |
Garde impériale |
19 |
19 |
32 |
32 |
Infanterie de ligne |
64 |
64 |
164 |
164 |
Infanterie légère |
21 |
21 |
46 |
46 |
Grosse cavalerie |
14 |
14 |
56 |
14 |
Dragons |
4 |
4 |
13 |
4 |
Chasseurs |
16 |
16 |
62 |
16 |
Hussards |
5 |
5 |
19 |
5 |
Totaux |
143 |
143 |
392 |
281 |
Dans cette hypothèse, jusqu’à 257 officiers et 719 sous-officiers ou soldats pourraient être nommés respectivement commandeurs et chevaliers à titre individuel, en complément.
Hypothèse 2 : Participation à au moins une des huit grandes batailles
|
Régiments |
Commandeurs |
Bataill. ou Escad. |
Chevaliers |
Garde impériale |
19 |
19 |
32 |
32 |
Infanterie de ligne |
77 |
77 |
238 |
238 |
Infanterie légère |
24 |
24 |
68 |
68 |
Grosse cavalerie |
14 |
14 |
56 |
14 |
Dragons |
28 |
28 |
109 |
28 |
Chasseurs |
22 |
22 |
86 |
2 |
Hussards |
10 |
10 |
40 |
10 |
Totaux |
194 |
194 |
629 |
412 |
Dans ce cas, 206 officiers et 588 sous-officiers ou soldats pourraient être nommés respectivement commandeurs et chevaliers à titre individuel, en complément.
Les chefs de corps, les chefs de bataillon et d’escadrons sont invités à adresser sous pli cacheté au grand chancelier leurs propositions désignant les militaires les plus braves de leur unité[8]. Parallèlement, les ambitions se font jour et les candidatures individuelles se multiplient, soit directement, soit sous couvert de la recommandation d’un maréchal ou d’un général ayant commandé en chef. Certains se contentent de citer sobrement leurs états de service, d’autres n’hésitent pas à dresser de véritables panégyriques de leur carrière en insistant sur le nombre de leurs blessures[9]. Quelques-uns expriment un peu hypocritement leur scrupule à le faire, comme le général Grouchy qui écrit : « Il m’en coûte, Sire, pour rappeler ainsi ce que j’ai pu faire ; mais j’attache un trop haut prix à la marque nouvelle et si glorieuse de l’opinion de V.M. qui fait en cet instant l’objet de mes vœux, pour ne pas vaincre toute répugnance et ne pas déposer à vos pieds les motifs de mes espérances ».
On travaille également à la définition d’un modèle d’insigne, d’après un croquis à main levée réalisé par l’Empereur lui-même[10]. Un modèle est retenu qui, dès le 29 novembre, est remis à Vivant Denon pour fabrication des poinçons et matrices. Le 18 février 1810, Napoléon affecte à l’Ordre les revenus des mines de mercure d’Idria - en Carniole dans les Provinces illyriennes - estimés à 500 000 francs, ainsi qu’une dotation d’également 500 000 francs sur les domaines des Etats romains. Il presse le grand chancelier de se réunir en Conseil de l’Ordre avec l’archichancelier Cambacérès et le vice connétable Berthier, et de tout mettre en œuvre pour tenir l’objectif du 15 août 1810.
La réunion du 21 février 1810
Cambacérès, Lacépède et le Grand Trésorier de la Légion d’honneur se réunissent le 21 février au palais du prince archichancelier. Le prince de Wagram, vice connétable et major général de l’armée[11], n’a pu se libérer et s’est fait excuser. La séance est consacrée à une relecture du décret du 15 août 1809 et au relevé des actions engagées (décrites ci-dessus). Le graveur choisi par Denon s’est engagé à remettre les poinçons et matrices le 1er mai. Néanmoins, certains points restent en suspens et nécessitent de prendre l’avis de l’Empereur :
-
détermination de la couleur du ruban portant la décoration.
-
l’ordre est-il transmissible à tous les descendants directs des maréchaux ou à un seul, par ordre de primogéniture (l’article 3 du décret est imprécis sur ce point).
-
S.M. n’a pas encore fait savoir si «l’honorable prérogative» s’applique à toutes les batailles de la Grande Armée ou seulement à la campagne de 1809.
-
le Conseil estime que, lors de la cérémonie solennelle du 15 août, les grands chevaliers, les commandeurs et les chevaliers devraient prêter un serment. Il reste à en fixer les termes.
-
les grands chevaliers ne recevant pas de traitement spécifique, leurs décorations devraient être prises en charge sur le budget de l’Ordre.
La conclusion de Lacépède présente un certain intérêt :
« Pendant tout le temps où il plaira à Sa Majesté de charger provisoirement son grand chancelier de la Légion d’honneur des fonctions de grand chancelier de l’ordre des Trois Toisons d’or, il croit pouvoir remplir toutes ces fonctions provisoires, administrer les mines ainsi que les autres domaines de l’ordre, par le moyen de ses bureaux de la Légion, et par conséquent sans aucune augmentation de dépense.
Le grand trésorier de la Légion d’honneur pense aussi que, si cela pouvait plaire à Sa Majesté, il pourrait percevoir les revenus de l’ordre des Trois Toisons d’or et faire faire tous les paiements avec le seul secours de ses bureaux »[12].
Lorsqu’on souhaite voir enterrer un projet, le meilleur moyen n’est-il pas d’en avoir le contrôle ?
La mise en sommeil
Le 2 avril 1810, l’Empereur épouse l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche. Le projet des Trois Toisons d’or devient alors malséant, voire vexatoire et provocateur, vis à vis de son beau-père. Napoléon ne va bien sûr pas le reconnaître mais les opérations lancées sont ralenties ou suspendues - ce qui ne déplait pas au grand chancelier de la Légion d’honneur -, aucune nomination n’est prononcée et aucune cérémonie ne se déroule le 15 août 1810, en dehors de l’inauguration de la colonne de la place Vendôme.
Dans sa fonction de grand chancelier provisoire, Lacépède se consacre essentiellement à l’administration des mines d’Idria.
Les mines d’Idria
Idria est une petite ville de Carniole au bord de la rivière Idria, affluent du fleuve Isonzo se jetant lui-même dans le golfe de Panzano, à l’ouest de Trieste. Elle est située au fond d’une profonde vallée et on y parvient par un chemin difficile à la très forte pente, impraticable en hiver. Sa création remonte à 1497, lors de la découverte de mines de cinabre, sulfure mercureux dont on extrait le vif-argent (le mercure très utilisé en pharmacopée) et du soufre. Des industries connexes, fabrication de sels mercuriels et verreries, se sont développées dans la vallée. Le rapport établi à la demande de Lacépède précise :
« Sa population qui s’est accrue successivement en raison de l’importance qu’acquérait cette découverte, s’élève aujourd’hui à 4 300 habitants. Cette ville, par sa position topographique, devrait jouir de tous les avantages d’une température douce et bénigne, mais les montagnes qui l’entourent et qui lui dérobent la vue du soleil jusqu’au moment où les rayons de cet astre font un angle de 45° à l’horizon, refroidissent considérablement son atmosphère dans la belle saison, et la neige qui, pendant huit mois de l’année, s’amoncelle sur les montagnes rend ses hivers extrêmement rigoureux ».
L’établissement minier a été à l’origine de ce que nous appellerions aujourd’hui un « désastre écologique » :
« Les habitants d’Idria sont sujets à des maladies nombreuses et particulières. Les unes n’ont d’autre cause que la situation du pays, couvert en tous temps de brouillards épais, les autres affligent plus particulièrement ceux qui travaillent à la mine et aux fabriques. Plusieurs individus des deux sexes sont atteints de vertiges. D’autres éprouvent des attaques violentes d’épilepsie, dont les accès se réitèrent jusqu’à trois fois par jour. Un grand nombre des ouvriers qui travaillent à la mine sont bientôt attaqués d’un tremblement continuel qui, après quelques années, les rend paralytiques. D’autres subissent une salivation continuelle qui leur fait perdre les dents et les épuise. Ceux qui sont journellement exposés à l’influence des fabriques respirent des vapeurs délétères qui ne leur permettent pas de travailler longtemps de suite ; on est obligé de les faire relever souvent. Lorsqu’un vent du sud pousse ses vapeurs sur la ville, la santé des habitants en souffre ».
Idria constitue l’un des plus importants sites européens de production de mercure, avec trois cents tonnes par an. L’activité industrielle de ce petit « paradis » dégage un revenu annuel supérieur à 500 000 francs. Un commissaire de l’Ordre, officier en retraite, y est affecté pour en contrôler la gestion, à l’irritation du directeur, ingénieur des mines, qui n’en voit pas l’utilité.
[1] La formule est de Corvisart.
[2] Mémoires du général Lejeune, Paris, 1895.
[3] Le 19 mai 1802, la loi de création de la Légion d’honneur ne fut adoptée au Corps législatif que par 166 voix contre 110. André Damien, L’apparition de l’idée de la création de la Légion d’honneur, Revue du Souvenir Napoléonien, N° 441, juin-juillet 2002.
[4] Jean Tulard, La Légion d’honneur devait-elle être une nouvelle noblesse ?, Revue du Souvenir Napoléonien, N° 442, août-sept. 2002
[5] Thierry Lentz, Les militaires et la création de la Légion d’honneur, Revue du Souvenir Napoléonien, N° 442, août-sept. 2002
[6] Nombre de Conventionnels morts pour la Liberté et l’Egalité ont dû s’en retourner dans leur tombe !
[7] Jacques Jourquin, Lacépède, Grand Chancelier et heureux savant, Revue du Souvenir Napoléonien, N° 442, août-sept. 2002
[8] Ainsi le colonel Gudin, commandant le 16e régiment d’infanterie de ligne, désigne le caporal Toussaint Lincé, « le tueur de l’amiral Nelson ». A Trafalgar, Lincé et trois autres grenadiers, postés dans la grande hune du Bucentaure firent feu sur des officiers aperçus sur le pont du Victory. Il n’est pas avéré cependant que le coup de feu de Lincé soit bien celui qui atteignit Nelson à la colonne vertébrale. On cite également un gabier du Redoutable ? Lincé fut nommé chevalier de la Légion d’honneur pour ce fait d’arme supposé et pour sa remarquée descente en rappel de la grande hune lorsque la mâture du Bucentaure fut abattue par les boulets ennemis. Il disparut pendant la campagne de Russie.
[9] Il semble bien que certains militaires attachaient une grande attention à faire valider la moindre égratignure dans leurs états de service !
On relève ainsi avec quelque surprise le nom de l’adjudant commandant Charles Tristan de Montholon, futur compagnon de l’Empereur à Sainte-Hélène, dont la candidature fait état de deux blessures (reçues à Iéna et à Eckmühl), non mentionnées dans ses états de service. Pour faire bonne mesure, il ajoute même « un coup de feu à la cuisse, le 22 juillet 1793, lors de l’enlèvement des ambassadeurs Maret et Sémonville ». On remarque qu’il était ce jour-là âgé de 10 ans et qu’il reçut sans doute « un bleu » lorsqu’il fut arraché un peu brutalement des bras de son père adoptif Sémonville, lors de l’arrestation mouvementée des ambassadeurs de la République par les troupes autrichiennes.
[10] Selon le colonel Lejeune, lui-même peintre et dessinateur.
[11] Berthier, pour faire simple.
[12] Archives nationales, fonds Andréossy, 169 AP1.